~ 008 ~

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Trois heures plus tard, les retrouvailles faites, le repas du soir englouti et les « bonnes nuits » échangés, chaque habitant de la maison Bauer retourne dans ses quartiers et c’est avec plaisir que les parents rejoignent la chambre conjugale, ainsi que leur intimité.

— Tu m’as tant manqué, murmure Raphaël à sa femme avec désir, tout en caressant ses courbes, très peu dissimulées par des sous-vêtements qu’il s’imagine déjà lui retirer… 

— Toi aussi, tu n’as pas idée, mais je suis là maintenant, renvoie amoureusement Éva en plongeant dans le regard de celui qui lui plaît toujours autant qu’au premier jour.

Elle a sorti la lingerie affriolante et a bien l’intention de rattraper ces deux mois d’absence, ce soir. Après un long échange de baisers langoureux, elle lui demande avec une suspicion qui la taraude depuis son retour :

— Est-ce que tout s’est bien passé ? Tu ne m’as pas raconté grand-chose. Ça a été, avec Joakim ? Tu es sur ?

— Oui, ne t’inquiète pas.

— Ne te mines pas pour lui, mon chéri, reprend-elle tendrement, notre fils est un grand garçon maintenant et si tu lâches un peu de lest, sans doute que vous vous entendrez mieux. 

— Ça m’ennuierait juste que son laxisme lui fasse manquer sa graduation…

— Je ne pense pas cela possible… crois en lui !

Raphaël l’embrasse pour stopper là cette conversation qui n’ira nulle part. La confiance aveugle de son épouse, pour leur ainé, l’agace parfois, car lui se noie constamment dans de nombreuses inquiétudes vis-à-vis de l’avenir du concerné…

 

*

 

Dans la luxueuse maison voisine, à droite de celle des Bauer, un frère jumeau appelle sa sœur revenue ce soir de tournée musicale.

Jeffrey Beckers rayonne de bonheur. Il esquisse un large sourire tandis qu’il propose à son double de passer la voir pour sortir avec lui ! « Histoire de fêter son retour ! Leurs retrouvailles ! Tous les deux et rien qu’eux ! Loin de la marmaille », il souhaite marquer le coup, parce qu’elle lui a énormément manqué durant ces deux mois !

La proximité de ces deux-là amusait souvent leur entourage et tous savaient « que la vie ne séparerait jamais les jumeaux Beckers ! » Voilà pourquoi, une fois adultes, ils décidèrent de résider dans le même quartier, dans la même rue, dans des maisons voisines et côte à côte.

— Je suis crevée, Jeff ! Demain, sans faute ? décline timidement Éva en avouant qu’elle avait prévu de passer la soirée en famille. Compréhensif, son double ne lui en tient pas rigueur, mais la prévient qu’il sonnera chez elle dès neuf heures du matin pour la tirer du lit ! Sans attendre, il lui pose ensuite une question existentielle qui le taraude soudain :

— Si, chez nous, les bébés mangent avec une petite cuillère, les bébés chinois, eux, devraient-ils manger avec un cure-dent ?

Éva pouffe de rire et lui souhaite une bonne nuit. « Si son frère n’avait pas existé, il aurait fallu l’inventer… »

 

• Parodie •

CT - 08

L'Améthyste