~ 384 ~ (Fin tome 1)

Temps de lecture : 4 minutes

 

 

I’ve got my ticket for the long way ’round // J’ai mon ticket pour un petit voyage
Two bottle whiskey for the way // Deux bouteilles de whisky pour la route
And I sure would like some sweet company // Et je suis sure que tu voudrais un peu de compagnie !
And I’m leaving tomorrow. What d’you say?// Je pars demain, qu’est-ce que t’en dis ?
 

L’air intrigué sur le coup, les vigiles de l’aéroport auraient bien envie d’aller enguirlander cette jeune fille un peu trop bruyante à leurs goûts, mais à force de l’écouter, ils finissent par se prendre au jeu en chantonnant eux aussi les paroles de cette chanson très entraînante, tout en tapotant les mouvements de la chorégraphie sur le premier objet qui croise leurs regards ! Tout comme les trois quarts de la salle d’attente, d’ailleurs.

When I’m gone, when I’m gone // Quand je serais partie !
You’re gonna miss me when I’m gone // Je vais te manquer !
You’re gonna miss me by my hair // Tu allez regretter mes cheveux !
 

You’re gonna miss me everywhere, oh // Je te manquerais partout où tu iras, oh !
You’re gonna miss me when I’m gone // Je te manquerais quand je serais partie !
 

When I’m gone, when I’m gone // Quand je serais partie !
You’re gonna miss me when I’m gone // Je vais te manquer !
You’re gonna miss me by my walk // Ma démarche te manqueras !
 

You’re gonna miss me by my talk, oh // Mes discussions te manqueront, oh !
You’re gonna miss me when I’m gone // Je te manquerais quand je serais partie !
 

Incroyable. En l’espace de quelques minutes, Amy Wills avait collé un sourire béat sur presque tous les visages des voyageurs et du personnel de l’aéroport et c’était aussi pour cela que Richard Driver croyait de plus en plus en sa carrière musicale !

Cette gamine avait la musique dans la peau et elle la transmettait au monde, et même à Joakim qui, à force qu’elle le pince amicalement, l’air suppliant, avait finit par la suivre le temps de quelques vers…

Que l’on vous tue si vous osez répéter qu’il a chanté en public comme un neuneu, ce sont ses mots et il sera impitoyable avec les fuites !

I’ve got my ticket for the long way ’round // J’ai mon ticket pour un petit voyage
The one with the prettiest of views // Avec la place qui a la meilleure vue !

It’s got mountains, it’s got rivers // Il y a des montagnes et des rivières
It’s got sights to give you shivers  // Il y a des vues qui te filent des frissons !
 

But it sure would be prettier with you // Mais c’est sur que tout ça aurait été plus beau avec toi (all)

~ On voyage pour changer, non de lieu, mais d’idées [Hippolyte Taine] ~

~ Avancer vers l’inconnu est aussi terrifiant que jouissif ~

~ L’herbe n’est jamais plus verte ailleurs, mais elle est toujours différente alors rien que pour ça, elle vaut le coup d’être découverte ! ~

 

 

~ This is the bend before the break..~

• Fin du tome 1 •

~ This is the bad before the worse… And the storm before the storm.. ~

 


 

♦ Trailer/Teaser Tome 2 ♦

 

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~ 383 ~

Temps de lecture : 5 minutes

 

*

 

Terriblement obéissant, ce soir, Joakim suit à la lettre les recommandations de son ami en rentrant très vite chez lui pour remplir avec hâte un large sac à dos de quelques objets personnels dont il ne souhaite pas être séparé. Les disques durs de son ordinateur fixe surtout… Mais aussi d’autres babioles plus superficielles. 

À voir Alucard grincer du bec tandis qu’il remplit nerveusement son sac, on aurait pu croire que son oiseau débile avait compris qu’il ne reverrait plus son maître pendant un long moment. Affectueusement et sans un mot, Joakim lui caresse alors le haut du crâne du bout des doigts avant de filer hors de sa chambre pour détaler de chez lui. Son père n’est pas sur place et c’est tant mieux, en un sens, parce que l’adolescent n’est pas en étât de subir de longs au-revoirs ou embrassades désespérées, voire des crises de colère et de panique. Il ne sait pas vraiment comment son père réagirait à une annonce de départ et ne souhaite pas prendre la peine d’y songer, préférant mettre le concerné sur le fait accomplit. Il l’appellerait dès son arrivée à New-York, et voilà. 

Dans la vie, la seule façon de se relever, c’est d’avancer sans se retourner.

 

 

L’avantage de vouloir voyager si tard, c’est que l’aéroport est clairement moins bondé qu’aux heures de pointe, mais ce n’est pas pour autant que Joakim n’a pas patienté près d’une demie heure pour acheter son billet, réserver sa place et au passage, enregistrer son sac à dos, car celui-ci était apparemment trop lourd pour aller en cabine avec lui. 

 

Il est désormais en salle d’attente et quelques personnes l’entourent, toutes assises sagement en attendant leurs embarquements respectifs. Trop épuisé, physiquement et moralement pour s’occuper en observant ce qui l’entoure, Joakim reste impassible sur son siège, l’air vide.

Mais de quoi seront donc faits ses lendemains ? Avait-il vraiment envie de le découvrir ?

Blasé, il commence à se demander si cette décision de s’envoler ce soir pour New-York est ce qu’il pouvait faire de plus réfléchi. Il est vrai qu’en temps normal, il posait le pour et le contre de chaque décision, plutôt deux fois qu’une, mais vu que désormais sa vie était tout sauf dans la normalité de ce qu’il avait connu avant…. Il restait sceptique.

Le regard pleins de regrets et d’espoir, il jette un œil sur le cadran de son téléphone en se disant que celui-ci n’avait jamais été aussi silencieux que ce soir. Et dire qu’il n’y a pas si longtemps de ça, l’adolescent devait snober la plupart de ses amis pour avoir un peu de solitude, voilà que désormais, ces appels et discussions incessantes lui manquaient comme c’est pas permis.

– Joakim ?! Toi ici !!!!

La tête blonde d’Amy Wills le sort soudain de ses rêveries et il se relève sans attendre pour lui faire la bise et la saluer comme il se doit. Elle est en compagnie d’un homme d’un certain âge et Joakim découvre lors des présentations que la petite blondinette avait finalement su tracer son chemin loin de lui et plutôt bien, en plus. Tout avait l’air de rouler pour elle et il n’en était pas mécontent. Elle le méritait.

Se croisant tous les deux à l’aéroport de Los Angeles à une heure pareille, les deux vieux amis n’avaient pas besoin de parler des raisons réelles qui les menaient ici. Ils se contentaient donc de s’asseoir sagement cote à cote pour patienter ensemble tout en se racontant mutuellement qu’ils partaient ce soir pour… ; se consacrer à la musique en Utah, ou rejoindre une école réputée à New-York. Le reste ne comptait plus. Le reste ne devait plus compter. Ils devaient oublier…

Jamais regarder en arrière, jamais… Regarder en arrière. 

Amy souriait légèrement. Elle semblait assez heureuse et moins rongée par sa rupture avec sa meilleure amie ainsi que son besoin de fuite. Elle voyait dans ce voyage une fuite salvatrice vers un avenir meilleur et sa relation amicale, voire carrément presque familiale, avec son manager, lui faisait un bien fou. À ses côtés, elle se sentait puissante et accompagnée.

Elle n’était plus seule et se raccrochait à ça.. 

Joakim aurait bien aimé en ressentir autant, car lui n’avait pas vraiment cette présence-là pour l’aider à se relever. Ou alors s’il l’avait eue, il l’avait perdue elle aussi… Noah, Trisha. Ces deux-là étaient ceux pour qui il aurait toujours sû gravir des montagnes et traverser des vallées. Son minois s’assombrissait à nouveau et Amy le remarquait, l’air inquiet, 

– Est-ce ça va ? Faudra qu’on se maile ou textote de temps en temps quand même ! Est-ce que tu penses qu’on pourra garder le contact.. ?

– Bien sûr.

– Ouf alors !! Et quand tu seras célèbre, je viendrais te sucer ton fric en niaisant devant la presse, je dirais que je me suis tapé le grand chercheur que tu es. Grâce à toi, je serais riche ! 

Joakim laisse échapper un petite rire et Amy reprend presque aussitôt, l’air plus sérieux, cette fois, 

– On n’est pas finis, Jo. Ce n’est que le début. Et ils nous regretteront ! Je te jure qu’ils nous regretterons ! 

La jeune fille termine sa phrase sur une intonation chantante, tout en se relevant de son siège pour se mettre à faire une interprétation personnelle de Cups, la chanson rendue célèbre par Anna Kendrick dans le film Pitch Perfect !

~ 382 ~

Temps de lecture : 7 minutes

 

*

 

 

Complètement saoul et maladroitement, il finit par marcher jusqu’à la tombe de son jeune frère qu’ils ont mit sous terre sans lui. Il ne leur reproche cependant pas de l’avoir fait, parce que de toute manière, il n’aurait sûrement pas désiré venir assister à une cérémonie où l’on enterre son cadet. Désormais devant la pierre tombale du concerné, Joakim se laisse tomber dessus et s’assoit, dos contre la pierre gravée, à bout, abattu par les récents événements ; ces dernières heures avaient été abominables... Joakim n’en avait jamais connu de pire. En quelques heures, il avait trouvé le moyen de battre des records de malchance ; perdre son cousin, puis son adorable rousse et finalement Kristofer, qui révélait être la cause de tout. Au seul souvenir de ce prénom, le stress de Joakim remontait en flèche et ses poings se serraient jusqu’à ce que ses jointures en deviennent douloureuses. Dieu qu’il se méprisait de ne pas avoir prit ce chien entre quatre yeux bien avant pour lui apprendre la vie, juste après qu’il ait tenté de faire tuer Trisha Hill, par exemple… 

Mais toute cette merde s’était passée trop vite, il avait clairement perdu pied. Tout avait filé a une vitesse ! Une fois dans l’hôpital, il n’avait plus vu le temps défiler, il n’avait plus rien calculé ; et c’était bien cela qui l’avait mit en danger, il en avait pleine conscience. Il avait tout perdu aujourd’hui parce qu’il avait tourné le dos au plus important pendant un court moment. Il n’avait plus rien géré et ne s’était plus occupé de rien. L’erreur de sa vie, mais qui lui en prouvait beaucoup sur ses capacités désormais.

Faible. Incapable ! Il aurait du pouvoir affronter et gérer tout cela beaucoup mieux, on le dit génie, mais il ne peut l’accepter en se regardant en face. Il ne faisait plus rien qui méritait le respect. Les mots maîtrise et domination ne le qualifiaient plus car ils avaient laissé la place aux termes imbécilité et impuissance. Blasé, il se réalisait pathétique. Il avait tout perdu par sa propre faute. Et puis pour couronner le tout, voilà qu’en plus, maintenant, il chialait ! Il avait chialé comme une gonzesse chez Kristofer et cela l’avait vraiment choqué. Quelle serait donc sa prochaine étape désormais ? Qu’il se mette à ramper régulièrement devant la tombe de son frère pour sangloter sous la pluie ? Oui parce que quitte à être cliché, il fallait pleurer sous la pluie et le vent, c’était quand même le minimum, il fallait faire les choses bien, avec la forme et la consistance. Il en ricanait de dépit. Dieu qu’il tombait bas. 

Bougonnant, de mauvaise humeur et désespéré, il levait les yeux au ciel, souhaitant un orage et râlant devant l’éternel beau temps de la Californie. Ses yeux s’étaient asséchés. Arrivant devant cette tombe, ils s’étaient brièvement humidifiés, mais cela n’avait pas duré le temps d’une seule larme. Ce qui était normal, en un sens, vu qu’auprès d’Alarich, personne ne pouvait rester malheureux très longtemps.Même disparu aujourd’hui, cet ange continuait de les apaiser, tous…

Little by little // Petit à petit
I’ve come to this point // J’arrive à cette conclusion
On my own I’ve been searching my way // Par moi-même, j’ai toujours tracé ma voie
I lost you so early // Mais je t’ai perdu trop vite
The days went so fast // Les jours se sont trop vite enchaînés
You don’t know how I prayed every day // Tu ne sais pas à quel point j’ai pu prier pour toi

Un léger sourire s’affichait sur le visage de l’adolescent pourtant au fond du trou. Jamais il ne s’était senti aussi seul et abandonné qu’aujourd’hui, jamais il n’avait eu aussi mal qu’en ce moment, jamais il ne s’était senti aussi impuissant qu’à cet instant, et pourtant…

Cela allait. Il souriait légèrement et cela n’était pas un masque.

Il était seul et n’avait plus rien, mais cela allait. Un peu, du moins…

Alors, haussant les épaules, il se mettait à s’excuser à haute voix devant son frère. 

A song to remember // Une chanson pour se souvenir
A song to forget // Une chanson pour oublier
You’ll never know how I tried // Tu ne sauras jamais à quel point j’ai pu essayer
To make you proud // De te rendre fier 
And to honor your name but // D’honorer ton nom
You never told me goodbye // Mais tu ne m’as pas dis au revoir..

Il était tellement désolé de ne pas avoir réussi à empêcher son départ. Le perdre était la pire chose qui pouvait lui arriver et maintenant que cela était fait, tout le reste s’effondrait autour de lui. Par sa faute à lui, il en était l’unique responsable. On le dit génie incroyable, mais il n’était même pas capable de changer ce genre de choses. À quoi bon être un génie, dans ce cas ? À quoi bon avoir 180 de QI si malgré cela, vous ne pouvez rien sauver ni accomplir. Si malgré cela, vous ne faites pas la différence. Si cette intelligence de merde n’était pas capable de sauver un ange innocent. 

Oh bien sur, grâce à elle, il avait sauvé sa sœur, mais sachant que c’était pour la voir ensuite détruire tous ses efforts en faisant un choix sordide qui allait détruire sa propre vie future, c’était à se demander où était sa bonne action là-dedans.. Le stress que Joakim ressentait à ce sujet le faisait en glousser d’aigreur pendant quelques secondes et il en grommelait un « pauvre idiote » de dépit, avant de pousser un long soupir en observant de nouveau le ciel et les étoiles, blasé et désemparé.

Qu’allait-il bien pouvoir faire maintenant… 

Now that your are gone // Maintenant que tu es parti
Casting shadows from the past // Seules restent les ombres du passé
You and all the memories will last  // De toi il ne reste que les souvenirs..

Que devient-on lorsque les seules choses que l’on possède ne sont plus que des souvenirs ?

Il le demandait à son frère avec sérieux. Sans lui, il était un peu dans la merde, car il ne se voyait plus vraiment avancer sans sa présence ni même celle de Noah ou de sa rousse.

Que deviendrait-il désormais. Il ne se voyait pas redevenir celui qu’il était avant que Trisha Hill ne change sa vie. 

Don’t you cry // Ne pleure pas
Or suffer over me // Ne souffre pas à travers moi
I will be waiting for you // Je t’attendrais
Don’t you cry // Ne pleure pas
Angels never fade away // Les anges ne disparaissent jamais réellement
I’ll be watching over you // Je serais toujours là pour veiller sur toi
See you through // T’observer de loin

Et ces absences allaient faire mal sur la durée, sa respiration ne retrouveraient plus un rythme régulier avant très longtemps et ce temps-là, l’avait-il ? Avait-il seulement envie de l’avoir. De découvrir des journées sans ces êtres exceptionnels, d’avancer sans eux, de se créer un avenir sans leurs présences.

Las. Il en était tellement las, de tout cela. Vide, tellement éteint. Désireux de rien.

On se relève de tout, c’est certain, mais encore faut-il en avoir l’envie. 

Now I’m a man and // Maintenant je suis un homme et
I’m feeling you still //Je continue de te sentir près de moi
Could it be you were there all along // Comme si tu étais toujours là
A time to surrender, A time to forgive // Il est l’heure de baisser les armes, de pardonner..

Blasé et mort de l’intérieur, il téléphone au dernier ami qui pourrait peut-être encore le regarder en face. Il n’en est pas certain, cela dit, qui sait ce qui aurait pu se produire d’autre durant ces quatre jours qui ont apparemment été très mouvement au sein de ses habituelles connaissances. Qui sait s’il n’avait pas perdu Miguel Sanchez aussi…

Alors que le téléphone du concerné sonne dans le vide, Joakim s’attend déjà à ce que ce grand allié lui raccroche au nez. Après tout, un de plus, un de moins ?

 – Hey, Salut Joakim ! Ça me fait plaisir de t’entendre, j’hésitais à t’appeler justement. Ça va ? 

– Je… En marmonne Joakim de surprise, bafouillant et cherchant ses prochains mots. Il aurait tant de choses à lancer derrière l’interrogation de son ami qu’il se noie parmi elles et ne trouve, au final, rien de plus à ajouter

Réalisant sa détresse, Miguel reprend alors, toujours sur le même ton chaleureux et amical,

– Hold on. Tu sais que je suis là, hein.

– J’ai reçu une proposition et j’ai besoin de ton avis, laisse tomber Joakim, l’air pas vraiment convaincu, las et vaincu, – j’en sais rien, c’est pour suivre un cursus à New-York, bref sans aller dans les détails, c’est pour au final bosser pour Argonne. Qu’est-ce que t’en dis…

– Accepte !!!! Barre-toi à New-York, fuis toute cette merde!! Va accomplir de grandes choses que seuls les gens comme toi peuvent faire !!! Casse-toi !!! Ne reste pas à stagner dans cette vie simple, tu vaux mieux que ça !!!

– Je ne sais pas encore, j’ai des choses à régler ici…

– Non ! Ne redeviens pas le Joakim qui se venge !

– Comment tu sais que.. S’interloque Joakim avec surprise et alors que son ami l’interrompt aussitôt,

– Je te connais, ris Miguel avec franchise et en ajoutant avec beaucoup de sincérités, – alors prend le premier avion et saisis cette incroyable opportunité.

– Et toi.. ?

– Je me démerderais. Tu en as assez fait comme ça pour moi et tu ne vas pas rester à stagner dans cette petite vie simple, tu es plus que ça. 

– Merci Miguel…

– Raccroche ce téléphone maintenant et va préparer ton départ.

L'Améthyste